Publié le : 14 nov 2023
Clin d’oeil du nouveau Groupe de Travail Cadre de Vie
“Quartier européen de Bruxelles”
Oyez Oyez braves gens, damoiselles et damoiseaux. Depuis le 9 Novembre, nous n’habitons plus un quartier ordinaire – mais une « marque », que dire – une « Brand ». Il parait même que nous, modestes habitants du modeste GAQ, nous avons participé au « processus de concertation approfondie avec l’ensemble des parties prenantes du quartier » incluant « associations, professionnelles, institutions européennes, régionales, secteur culturel, comités de quartier, etc… ». Cette marque « Quartier européen de Bruxelles » serait donc aussi la nôtre.
Désormais, toute l’opération est publique, et même très publique : séances d’information/communication ; conférences de presses ; sites internet ; logo à afficher sur les vitrines et lieux divers. Soyons bons princes, cet aboutissement fait écho aux revendications d’empêcheurs de tourner en rond qui depuis 30 ans réclamaient un meilleur partage de l’espace public, un contrôle des modifications de volumes des maisons unifamiliales, la réfection des trottoirs, la lutte contre le tapage nocturne. Quelqu’un a calculé que notre quartier européen représenterait 12 à 20% de l’économie bruxelloise et serait le premier pôle touristique de Bruxelles. De Manneken Pis au square Ambiorix, il n’y aurait qu’un pas pour les visiteurs – si seulement le périmètre officiel de ce fameux « Quartier européen /European Quarter » faisait un peu plus de place à ce que nous, au GAQ, appelons le quartier des squares et ses environs. De là à imaginer que, en vertu de cet oubli, nous risquons de subir les désagréments de tous les changements annoncés sans bénéficier des résultats, il n’y a qu’un pas. Beaucoup l’ont franchi.
D’accord, comme le soulignent les informations supposées attirer du monde – voire LE monde – dans le quartier, pour concéder que ce dernier n’est pas le plus « animé » de la capitale : traduction, on peut encore espérer s’endormi avant minuit sans bouchons dans les oreilles. On nous reconnait quelques signes bienvenus de civilisation : écoles, commerces, des services, cafés, restaurants (pardon « eateries », cela fait plus gloubi-boulga internationaliste, en moins appétissant). Mais tout cela aurait besoin d’un coup de dépoussiérage facilité par l’effet magique de la « marque ». Nous serons convertis, même de force, et nous en redemanderons.
Et non, il n’y a aucun risque que le quartier des squares devienne un avatar de l’avenue de Stalingrad éventrée, ni que la soucoupe volante du Schuman s’enfonce dans les tunnels sous-jacents, ni que les rues de désistement ne soient défoncées par le charroi des chantiers. On nous offre une marque, soyons heureux. C’est quand même l’occasion de jeter un œil sur un récent ouvrage « Le roman national des marques » qui expose comment les politiciens, incapables désormais de créer une histoire nationale ou un sentiment d’appartenance, ont délégué cette tâche à des entreprises.
Well Well.