Publié le : 15 okt 2020
Prise de position du GAQ
La situation actuelle :
Le rond-point Schuman est situé au coeur du quartier européen de Bruxelles. Noeud essentiel du trafic automobile en provenance de l’autoroute E40 vers le centre-ville, la cohabitation entre les différents usagers (piétons, cyclistes, automobilistes, taxis, bus) est particulièrement malaisée. Il est aussi le point de passage principal pour entrer et sortir en voiture du quartier des squares.
Le rond-point et ses environs sont un ensemble embarrassant, sans harmonie, dans le centre du quartier européen de Bruxelles : espace vieillissant, insuffisamment entretenu, et en congestion de trafic permanente, principalement à cause de l’énorme afflux de navetteurs automobilistes.
Sur un sol majoritairement perméable, il s’agit d’un ensemble végétalisé, encerclé de haies et de fleurs et accueille plusieurs arbres. Doté d’une surface totalement plate il est un lieu utilisé pour l’organisation de manifestations récréatives et festives : fête du pain au mois de mai, fête du sport en septembre animations de Noël en décembre.
Avant le contexte Covid19, il accueillait presque tous les jours des manifestations politiques de tout horizon, allant de quelques dizaines à parfois milliers de personnes.
Nos attentes :
Le GAQ est demandeur depuis presque vingt ans d’un réaménagement du rond-point afin de le rendre plus convivial, plus vert et d’améliorer la cohabitation entre tous les usagers.
Dans ce contexte, le GAQ souhaite une diminution globale du trafic motorisé à cet endroit, et nous sommes demandeurs d’un plan global de mobilité qui, notamment à travers des accords interrégionaux efficaces, irait bien au-delà de notre quartier et qui pourrait inclure des parkings de dissuasion, régulation des entrées, RER bruxellois, etc.
Le GAQ soutient que ce projet de réaménagement se fasse dans une logique de co-construction impliquant les habitants du quartier, les travailleurs, les usagers, les commerçants et aussi les institutions européennes.
La proposition du gouvernement régional (en résumé) :
-Supprimer la végétation actuelle en pleine terre et le caractère perméable du site pour construire un espace totalement minéral incurvé avec une pente douce et des marches. De la végétation en pots sera disposée.
-Disposer un auvent en forme de soucoupe sur poteaux au centre de la place avec effet miroir à l’intérieur.
-Réaménager la circulation et permettre uniquement aux bus, taxis, véhicules officiels de faire le tour du rond-point et reporter le trafic nord-sud sur l’avenue de la Joyeuse entrée qui serait placée à double sens. Sauf pour ces véhicules, il ne sera plus possible d’entrer/sortir du rond-point par l’avenue d’Auderghem et par la rue Froissart. La diminution du nombre de véhicules dans le rond-point devrait permettre de fluidifier la descente de l’avenue de Cortenbergh vers la rue de la Loi.
-Installer un contre-sens bus sur l’avenue de Cortenbergh.
-Installer une voie cyclable rapide à double sens sur la partie nord du rond-point.
-Disposer un muret en arc de cercle sur la partie nord du rond-point, comme protection contre le terrorisme, obligeant les piétons à un grand détour pour aller du nord au sud de la place.
Nos commentaires sur le projet :
1) Sur la méthode de travail employée par le gouvernement régional
Nous regrettons le choix de la Région de ne pas impliquer la population locale dans la définition de ce projet. A aucun moment, des enquêtes d’opinion, des tables rondes participatives n’ont été organisées afin de connaitre ses aspirations pour ce lieu emblématique. Ce projet est issu d’un concours international d’architecte. Il a été présenté par la Région en 2019 et a alors reçu de nombreuses critiques. Il est représenté en 2020 presque tel quel. Nous avons été très peu informés et n’avons jamais pu obtenir les PV des quelques réunions publiques de 2019.
Nous déplorons que le gouvernement régional n’ait pas considéré la circulation motorisée de manière globale sur un large périmètre allant plusieurs kilomètres au-delà du rond-point ; qu’il n’y ait pas d’étude d’impact réalisé par un cabinet indépendant et enfin que de véritables alternatives ne soient pas présentées. Par ailleurs, les impacts du futur Plan d’aménagement directeur Loi semblent ignorés (futures 14 tours de bureaux et logements).
2) Sur la partie architecturale et paysagère du projet
L’auvent, la nouvelle structure, volumineuse, fragile, risque de rendre impossible les manifestations politiques. Nous craignons que la ville, par crainte de débordement pouvant endommager la structure, limite les possibilités de manifester à cet endroit.
L’auvent et la surface incurvée (le plénum) ne permettront pas l’installation de chapiteaux comme nous avons l’habitude de les voir, plusieurs fois par an, à l’occasion des festivités sur le rond-point.
Réduire à zéro la surface perméable et semi-perméable sur cet espace et retirer la végétation en pleine terre au profit de petits arbustes en pots nous semble un non-sens en période de réchauffement climatique. De nos retours terrain, nous savons qu’il existe une forte attente de rues et places plus arborisées pour notre quartier.
Attachés à la perspective rue de la Loi – Arcades du Cinquantenaire, nous regrettons que celle-ci soit, après la tour The One, encore une fois abimée.
Nous regrettons de ne pas avoir connaissance de l’avis de la Commission royale monuments et sites.
3) Sur la mobilité
Faciliter la circulation rapide de vélo depuis le parc du Cinquantenaire vers la rue de la Loi est une bonne initiative mais nous craignons les conflits avec les autres usagers.
Installer un contre-sens bus sur l’avenue de Cortenbergh soulagera la rue Franklin, nous y sommes favorables.
L’essentiel du trafic sur le rond-point arrive de l’E40. Fluidifier ce trafic vers la rue de la Loi et ainsi maintenir l’autoroute urbaine nous parait davantage encourager le trafic de transit que de contribuer à le réduire.
Forcer les habitants du quartier européen, les livreurs, les prestataires circulant en voiture à faire de grands détours pour atteindre le quartier des squares et ainsi densifier en trafic des rues résidentielles et donnant la sensation d’être enfermé voir isolé suscite de nombreuses interrogations chez certains habitants du quartier européen. Maintenir une bande de circulation autour du rond-point est demandé par une partie des habitants du quartier même si elle ne fait pas consensus, certains voyant en effet dans sa suppression un progrès pour un espace plus apaisé.
Mettre à deux bandes de circulation l’avenue de la Joyeuse Entrée nous interpelle : rajouter des pots d’échappement ne nous parait pas un progrès eu égard au nombre élevé de visiteurs et coureurs dans le parc et l’état actuel de la végétation.
Les piétons et les personnes à mobilité réduite apparaissent être les grands oubliés du projet alors, qu’usagers faibles, ils devraient être placés au centre de la démarche. Le grand muret en arc de cercle contraindra à un grand détour pour aller du nord au sud de la place.
4) Sur le symbolisme
Le symbolisme européen est totalement absent du projet alors que le nouvel ensemble sera filmé par les caméras du monde entier à l’occasion de chaque sommet européen.
5) Sur la sécurité
Nous regrettons que dans les documents soumis à l’enquête publique, il n’y ait pas d’avis sur les incidences en matière de sécurité : pour la place elle-même, comme pour notre quartier en général.
Conclusion :
Nous appelons le gouvernement régional à changer de méthode et abandonner l’approche verticale pour les projets urbanistiques. Nous appelons de vive voix à adopter la logique de co-construction comme cela nous avait été promis à travers l’accord gouvernemental bruxellois.
Ce projet ne répond pas suffisamment aux objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat, ni aux sections relatives à la protection de l’environnement des accords gouvernementaux belges.
Les pistes d’améliorations sont nombreuses, nous sommes disposés à nous assoir autour de la table avec les autorités communales et régionales afin de définir tous ensemble le rond-point Schuman et ses environs pour les décennies à venir.
Actualités de juin 2021
Le fonctionnaire délégué a décidé d’actionner l’article 191 du CoBAT et imposer des modifications des plans de réaménagement en vue de l’octroi de permis d’urbanisme. Voici la lettre qui précise les modifications à apporter.
